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Les guerriers s'affichent pour l'art moderne

"le télégramme" 31 juillet 98

Marie-Michèle Lucas part en guerre pour l'art moderne. Avec la complicité d'une société d'affichage, cette artiste brestoise placarde des armées dans les rues de la ville. Tous les quinze jours de nouveaux soldats apparaissent, pour défendre l'oeuvre de peintres illustres ou inconnus.

&laqno; Nous défendons l'art ! » clament haut et fort les guerriers de Marie-Michèle Lucas. Ces personnages apparaissent aussi soudainement qu'ils disparaissent dans les rues de la ville, entre une pub pour des ravioli ou une photo de shampooing. Il y a quinze jours, cette opération publicitaire peu banale a démarré sans faire de bruit. C'est la volonté de l'artiste, qui souhaite intriguer peu à peu les passants pour mieux ies emporter dans son jeu de pistes.

Combat symbolique

Jusqu'en janvier 99, ses guerriers s'afficheront par vagues irrégulières à l'assaut du public brestois. La semaine dernière, une affiche était placardée rue Mathieu-Donnart. Elle a disparu depuis mais une seconde surgira dans quelques jours en haut de la rue Jean Jaurès, tout près de la place de Strasbourg.

Dans son atelier, Marie-Michèle Lucas illustre elle-même les 4 X 3. Ils représentent systématiquement des hommes en arme, figures symboliques d'un éternel combat pour la reconnaissance des artistes. L'une après l'autre, les affiches prennent le parti d'un peintre contemporain de Bretagne. Certains sont connus, d'autre pas. Il y a déjà eu Eugène Boudin et Henri-Pierre Deroux. C'est bientôt le tour de Dominique Jézéquel, suivi par Sylvie Moreau et Gérard Le Jeune. Ils seront une vingtaine au total.

Changer les choses

Avec l'appui de son mécène Giraudy, Marie-Michèle Lucas avait promu ses propres toiles en 97. L'opération étant renouvelée cette année, I'artiste brestoise a décidé d'utiliser l'impact publicitaire au service de l'art contemporain en général et de ses peintres préférés en particulier.

&laqno; J'ai le sentiment que l'art contemporain souffre d'une mauvaise image auprès du public. et j'y vois une façon de changer les choses; "Les gens ne s'intéressent pas aux oeuvres, par contre ils regardent les publicités ».

A la fin de l'année les affiches éphéméres seront perdues à jamais. Cependant Marie-Michèle Lucas gardera une trace de
son travail, en rassemblant dans un recueil les photographies d'affiches, les uvres et les textes rédigés pour leur défense. Cet ouvrage sera destiné au grand public. Du moins celui qui regarde les publicités...

 


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Une artiste brestoise affiche ses revendications

La publicité au service de l'art

"Ouest-France" 21 Août 98

Si d'ordinaire les panneaux publicitaires sont destinés à vanter les mérites de lessives qui "lavent plus blanc", depuis mai dernier d'étranges guerriers aux slogans revendicatifs s' affichent sur certains supports de la ville. Pour Marie-Michèle Lucas, artiste plasticienne, ces affiches visent à démocratiser une forme artistique méconnue et à promouvoir des artistes locaux.

Marie-Michèle Lucas n'en est pas à son coup d'essai. Quelques-uns se souviendront peut-être d'étranges lettres manuscrites offertes aux passants, I'an dernier, sur les panneaux publicitaires de la société Giraudy. Elle récidive mais avec une démarche différente. Ce sont actuellement de surprenants guerriers, symboles de la force en attente, toujours en état d'alerte, qui sont aux premiers plans de sa nouvelle campagne à l'accroche pour le moins militantiste : "Nous défendons l'art ! ". Regrettant le manque d'engagements des pouvoirs publics et l'absence de véritables structures pour les artistes brestois, Marie-Michèle Lucas, très ancrée dans son combat, justifie son action: &laqno; Les artistes sont trop souvent mal perçus, et l'art contemporain est mal servi à Brest. »

L'idée lui est donc venue tout naturellement de profiter des espaces publicitaires pour défendre son art et celui des autres en jouant du vocabulaire guerrier et éclaireur de la pub pour parler d'artistes qui le plus souvent travaillent dans l'ombre . &laqno; Le public ne regarde pas beaucoup l'art contemporain mais il regarde les affiches publicitaires », souligne t-elle, espérant ainsi susciter davantage d'impact, sur des formes artistiques trop souvent jugées hermétiques. Toutefois, la plasticienne se défend de toute propagande. En aucun cas elle ne souhaite séduire, ni imposer son art, mais davantage engager une réflexion, car, à la différence de la publicité, "l'art demande un regard appuyé qui doit générer des interrogations ».

Ainsi, ce sont des peintures, des sculptures ou des installations que défend Marie-Michèle Lucas, qui au préalable choisit quelques uvres d'artistes, selon ses propres aspirations, auxquelles elle ajoute un titre suivi d'un texte et d'une présentation de l'oeuvre. &laqno; C'est pour moi une manière de continuer mon travail d'artiste », conclut celle qui par ailleurs espère prolonger son exposition murale et rurale jusqu'à décembre prochain.

Ce sera également l'occasion pour le grand public de se constituer une collection d'oeuvres d'art, un peu à la manière d'André Malraux et de son musée imaginaire.

Bertrand KERSAUDY.

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