Juste avant son entrée dans Quimper, l'Odet est rejoint par un de ses affluents majeurs, le Jet, qui lui apporte ses eaux de la région de Rosporden, à l'est. Au confluent de ces deux rivières, l'Odet fait un nouveau caprice et son cours subit un second virage de quatre vingt dix degrés, vers l'ouest cette fois. L'Odet est en fait capturé par une étroite vallée d'orientation ouest-nord-ouest/est-sud-est que l'on suit sur plusieurs dizaines de kilomètres depuis Rosporden à l'est jusqu'à la Baie des Trépassés à l'ouest. Cette vallée correspond à l'expression topographique d'une faille géologique majeure qui traverse le Massif Armoricain depuis la région de Nantes, passe par les environs de Vannes, au travers de la ville de Quimper, au milieu de la Baie des Trépassés (Cap Sizun) et termine son tracé en mer, à l'est de l'île de Sein.
Le long de son parcours au travers de la ville de Quimper, l'Odet reçoit deux affluents importants: le Frout (dont l'existence est signalée par la rue du Frout) et le Steir. C'est le confluent de ce dernier avec l'Odet qui doit à la ville son nom de "Kemper", du breton "confluent", francisé en "Quimper".
Les premiers habitants Gaulois du site de Quimper avaient établi la ville sur la rive gauche de l'Odet, à l'emplacement de l'actuel quartier de Locmaria. La cité s'appelait alors Civitas Aquilonia, la cité de l'Aigle. Mais c'est au confluent du Steir et de l'Odet que la ville dont nous avons héritée fut fondée par les immigrants bretons chassés des îles britanniques par les invasions saxonnes. La présence d'une rivière charriant suffisamment d'eau était évidemment vitale au développement urbain de l'époque. De plus, l'influence des marées atlantiques se ressent jusqu'à Quimper et, aux basses eaux, le niveau de l'Odet est suffisamment bas pour être passé à gué. Le nom de la rue du Guéodet en témoigne encore de nos jours. Le niveau des hautes mers, cependant, permet aux bateaux de remonter l'Odet jusqu'au coeur de la ville. Ainsi, jusqu'au début du siècle les caboteurs chargaient et déchargaient des marchandises dans la zone du quartier de Locmaria et Quimper était ville portuaire à l'intérieur des terres! L'actuel Chemin du halage rappelle ces temps passés où des chevaux tiraient les bateaux depuis les rives de l'Odet pour les aider dans leur approche finale du port de Locmaria. Au cours de son histoire, la ville a su profiter de sa rivière et de sa situation physiographique privilégiée pour développer ses activités et devenir plaque tournante régionale de commerce et d'affaires.
Peu après son confluent avec le Steir, l'Odet s'infléchit progressivement en une large courbe qui oriente son cours vers le sud, en direction de son embouchure sur l'Atlantique. A la sortie de Quimper, l'Odet s'élargit en un vaste réservoir, la baie de Kérogan, où se trouvent le port du Corniguel (qui remplace de nos jours celui de Locmaria) et le complexe sports et loisirs de Creach Gwen.
Le reste du cours de l'Odet est extrèmement scénique et lui a valu son surnom de plus belle rivière de France. L'Odet suit les gorges des Vire Court, méandres encaissés dans une très belle vallée boisée, bordée çà et là de châteaux, manoirs et parcs. Le fameux navigateur Eric Tabarly s'est installé dans une de ces belles propriétés, en face de laquelle, il y a quelques années encore, on pouvait souvent admirer son Pen Duick au mouillage. Le circuit de l'Odet est une promenade touristique réputée qui permet de découvrir cette région splendide.
Un des rochers surplombant l'Odet au débouché des Vire Court a été curieusement nommé le saut de la pucelle. La légende rapporte qu'une jeune fille, poursuivie par un brigand, préféra se jetter dans l'Odet à cet endroit plutôt que de perdre son honneur... Un autre rocher s'appelle la chaise de l'évêque car on raconte qu'un des évêques de Quimper aimait s'y rendre pour se reposer, méditer et profiter du paysage.
L'Odet finit sa course en se jettant dans l'Atlantique dans une embouchure bordée à l'ouest du port de Sainte-Marine, à l'est de la cité balnéaire de Bénodet. Le pont de Cornouaille, important ouvrage d'art enjambant l'Odet juste avant son embouchure, relie les deux communes.
Terminons ce voyage sur l'Odet par ces vers de Guillaume Apollinaire, écrits en août 1917 après un séjour du poète à Bénodet: