Des fouilles archéologiques ont permis de retrouver de nombreux
vestiges de la cité d'Aquilonia. Il semble aussi que de riches
romains construisaient leur demeure un peu à l'extérieur
de la ville, sur les flancs des collines alentour. On a ainsi
retrouvé les restes d'une villa avec thermes en haut de l'actuelle
rue de Rosmadec, mises à jour par le creusement des fondations pour
la construction d'un immeuble d'habitation dans les années 1970.
Apres quelques siècles de prospérité, la ville décline à la suite
de la chute de l'empire romain (début du Vème siècle).
La ville de la légende
La légende du Roi Gradlon et de la Ville
d'Ys rapporte l'histoire de la fondation de la ville. On dit
que le Roi Gradlon, fuyant sur le cheval Morvarc'h l'océan déchainé
par les mauvaises actions de sa fille Dahut, arriva à l'endroit
où deux rivières confluent entre 7 collines. Il décida de s'y installer
et baptisa naturellement la ville "confluent", "Kemper" en breton.
En chemin, près de Plomodiern, il avait rencontré Kaourintin,
l'ermite de la forêt sacrée. Gradlon, affamé, fut nourri
par l'ermite qui, plongeant la main dans une fontaine attrapa un poisson dont
il coupa d'innombrables tranches sans lui causer aucune lésion.
Gradlon garda Kaourintin à ses côtés et décida de fonder
un évêché qu'il offrit a Kaourintin. Celui-ci
devint saint patron de la ville de Kemper-Corentin.
Une inscription autrefois placé sur le fronton de la
cathéfrale de Quimper rapporte que:
Quoi qu'il en soit, la ville s'édifia au confluent de l'Odet et du Steir,
presqu'un kilomètre en amont de l'ancienne cité romaine d'Aquilonia.
Les temps médievaux: les deux Kemper
Au Moyen-Age, la ville compte environ 5000 habitants et couvre 15 hectares.
Elle est alors capitale du duché et de l'évéché
de Cornouaille, et de fait demeure du Duc de Cornouaille
et de l'Evêque de Cornouaille.
Ces deux personnages se partagent le pouvoir sur Kemper et sa région.
L'Evêque a élu domicile en rive gauche du Steir. En 1209,
le Duc de Cornouaille, pour tenter de diminuer l'influence de son adversaire,
fait construire un château sur la rive droite du Steir. L'Evêque
répliquera en élevant une ceinture de remparts de pierres
autour de la cité épiscopale en 1230.
Les remparts sont garnis de dix tours et de six portes qui donnent
accès à la ville close. L'une des tours est encore
visible au carrefour de la Tourbie, toponymie héritée
du breton "tour bihan", la "petite tour".
Le Steir et les remparts
marquent alors, et pour longtemps, la frontière entre deux villes,
celle de l'Evêque et celle du Duc de Cornouaille. Le pont Médard
est le seul passage entre la ville fortifiée et celle que l'on nomme
alors "Terre au Duc", qui a laissé son nom à l'actuelle
place Terre au Duc. La Terre au Duc n'était pas fortifiée,
l'armée ducale constituait une force de dissuasion suffisante
contre les brigands et malandrins. Elle possédait sa propre église
(Saint Mathieu, restaurée au XVème siècle),
son propre marché, ainsi qu'une juridiction propre.
Chaque troisième samedi du mois, une grande foire se tenait
à Kemper, la plus importante était celle de décembre.
Kemper était déjà plaque tournante du commerce en Cornouaille,
lieu de passage obligé à la croisée de ses rivières et
des routes qui rayonnaient vers les bourgades alentour.
Les guerres: successions et religions
La construction de la cathérale de Kemper débute au XIIIème
siecle. Elle acquit son aspect actuel très progressivement cependant,
chaque siècle ajoutant sa pierre à l'édifice.
Au XIVème siècle, de 1341 a 1363, la guerre de succession
de Bretagne fait rage, à la suite du décès de Jean III le Bon.
Les combats opposent Jean de Montfort, demi-frère de Jean III
à Charles de Blois, frère de Jean III. En 1344, Charles de Blois
organise une armée française et prend la ville de Quimper des mains
de Jean de Monfort, soutenu, lui, par une armée anglaise. Jean de Monfort
mourra peu après, mais la ville connaitra encore une longue période
d'instabilité et subira de nombreux siéges avant que Du Guesclin
ne la reprenne pour le compte du roi de France. On estime que 1400 habitants
de Quimper ont été tué lors des ces guerres pour la succession
du Duché de Bretagne.
Les guerres de religion succèdent à celles de succession, quelques
250 plus tard. Ces guerres, dites "guerres de la Ligue", oppposaient les catholiques
aux protestants, puis ensuite au roi Henri IV. Les cornouaillais étaient
(et sont toujours) très catholiques et soutiennent bien sûr la Ligue.
La révolte est animée par le clergé et le peuple, qui
retirent la ville de l'influence d'Henri IV. Celui-ci ne s'avoue pas vaincu
et la ville envoie le Sire de Lezonnet, gouverneur de Concarneau qui, après
avoir défendu la Ligue, s'est rallié au roi, à l'assaut
de Quimper. Le Maréchal d'Aumont, comte de Chateauroux, est appelé
en renfort de Lezonnet. En 1594, il fait bombarder la ville depuis les hauteurs
du mont Frugy; les quimpérois, malgré leur détermination, doivent
capituler. Le plus redoutables des Ligueurs bretons, Guy Edern de la Fontenelle,
mi-brigand, mi-gentilhomme, tetera par deux fois avec ses partisans de reprendre
la ville (1595 et 1597), sans succès toutefois.
Quimper vers son visage de pierre
Quimper atteint le XVIIIème siècle relativement calmement.
En 1762, pourtant, un grand incendie ravage la ville pendant deux semaines,
détruisant l'essentiel du quartier de la cathédrale.
Il fut alors interdit de rebàtir les maisons brûlées
selon la technique bois et pisé qui prévalait alors, les
bâtiments détruits furent reconnstruits en pierre. Ce matériau
ne manquait pas, l'essentiel de la région reposant sur un sous-sol
de solide granit.
Au cours de ce siècle puis surtout du suivant, Quimper prend
des allures de ville bourgeoise. Les maisons médiévales
qui avaient survécu au grand incendie de 1762 sont abattues
les unes après les autres et remplacées par de solides bâtisses
de pierre. On construit ainsi de très belles résidences
et hôtels particuliers qui sont encore visibles de nos jours.
Quelques maisons de bois, si caractéristiques avec leurs façades
à encorbellement, seront toutefois préservées. Elle
rappellent, jusque dans le Quimper contemporain, l'héritage médiéval
de la ville.
Quimper chef-lieu de département
La révolution de 1789 réorganise
le paysage administratif français et la Constituante doit choisir
un chef-lieu pour le département du Finistère. L'assemblée
choisit Quimper, au détriment de Landerneau, l'autre candidat. Trois
ans plus tard, cette même assemblée destitue Quimper au profit
de Landerneau, les Quimpérois étant soi-disant trop proches
des Girondins. En 1794, cependant, Quimper retrouve son titre de chef-lieu
de département, titre dont la ville ne se départira plus.
En 1793 les révolutionnaires, qui n'aimaient guère les saints et tout ce qui de prè ou de loin touchait à la religion, décident aussi de rebaptiser Quimper-Corentin en ... Montagne-sur-Odet. Il est vrai que la colline du Frugy domine la riviè d'environ 70 mètres... Ce changement ne fut pas du goût des Quimpérois et, révolution ou pas, ils conservè à la ville son nom de Quimper. Le suffixe "-Corentin" disparaît malgré tout. A la même époque, les idées révolutionnaires conduisent les Quimpérois à dépouiller la cathédrale de l'essentiel de sa décoration intérieure en bois en 1793 qu'ils brûlent sur l'actuelle place de la Résistance. Seules sont épargnées les statues de Saint Anne et de Santik Du.
Le XIXème siècle achève l'image de Quimper
Au XIXème siecle, sous l'Empire, Quimper est une cité prospèere
et voit sa population doubler. Le diocèse obtient d'une collecte
auprès de ses paroissiens une somme suffisante pour élever
sur la cathédrale les deux flêches de pierre de 80 mètres
de hauteur que l'on y voit de nos jours. Le chemin de fer atteint Quimper en 1863, avec
des conséquences très importantes sur l'économie de la
région. La ville doit s'adapter à ces changements et son plan
est sérieusement affecté afin d'accomoder au mieux le supplément
de traffic et de permettre ainsi au commerce de se développer. Plusieurs
hôtels sont construits, l'Odet est canalisé,
les rues principales sont reconstruites rectilignes, une grande partie des
remparts est détruite. Ces travaux conduisent à poursuivre
la destruction des maisons médiévales à encorbellement,
les ingénieurs arguant du fait qu'elles font obstacle au traffic:
leur dispositif réduit par exemple la rue Obscure (maintenant
Elie Fréron) de 3 mètres de large
au rez-de-chaussée à une largeur de seulement 50 centimètres
à la hauteur des toits... La ceinture de maisons à collombage
qui abritaient les petites commerçants et entouraient la cathédrale
est abattue sans ménagement. La plus ancienne chapelle de la ville,
qui s'élevait à l'angle de la rue du Guéodet et de la
rue des Boucheries, est détruite.
Sa cloche est cependant conservée,
elle est installée dans la cathédrale et sonne encore de nos
jours pour les Quimpérois. De nombreux ponts sont édifiés sur
l'Odet et le port, qui se trouvait jusqu'alors à
l'emplacement de la ville originelle, au confluent du Steir et de l'Odet,
est déplace environ un kilomètre en aval, au niveau du Cap Horn.
Ce lieu tire son nom du café qui s'y trouvait à l'époque
et qui a survécu jusqu'à nos jours. En 1847, le colonel
Astor, maire de Quimper, decide de nettoyer les ruines de l'ancien couvent
de Cordeliers et y fait bâtir des halles de commerce.
Quimper dans notre siècle
Le théâtre est inauguré en 1904, les bâtiments de
l'actuelle préfecture en 1909, tous deux le long des quais de l'Odet,
sur sa rive gauche.
Quimper, capitale de la France ... pour 24 heures !
Aux heures difficiles de la seconde guerre mondiale, le gouvernement
français fut contraint de déménager son administration
pour s'installer hors de portée des Allemands. Plusieurs chefs-lieux
de préfecture furent proposés et Quimper fut sélectionnée !
Les préparatifs du déménagement commencèrent, mais
le gouvernement se ravisa le soir même pour décider finalement de
s'intaller à Vichy...
Le Quimper contemporain
Quimper a longtemps souffert de l'exiguité de son territoire.
La ville, construite au confluent du Steir et de l'Odet, se trouve en
quelque sorte "coincée" au milieu des collines qui bordent
ces rivières et surlesquelles sont installés les communes
d'Ergué Armel, Kerfeunteun et Penhars. En 1960 ces communes ont
décidé de s'associer à leur grande soeur Quimper
pour constituer une commune unique, le "Grand Quimper".
Les halles sont détruites par un incendie en 1976 et remplacées par un bâtiment plus moderne. En octobre 1987, une terrible tempête abbat pratiquement tous les arbres qui ornaient la ville de Quimper, dont certains étaient pluri-centenaires. Le Mont Frugy est particulièrement touché mais les écoles de la ville se mobilisent l'année suivante, mettant sur pied un programme au cours duquel chaque enfant plante un nouvel arbre afin de redonner au Frugy sa frondaison d'antan.