D'Aquilonia à Quimper

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  1. Civitas Aquilonia
  2. La ville de la légende
  3. Les temps médievaux: les deux Kemper
  4. Les guerres: successions et religions
  5. Quimper vers son visage de pierre
  6. Quimper chef-lieu de département
  7. Le XIXème siècle achève l'image de Quimper
  8. Quimper dans notre siècle
  9. Quimper, capitale de la France ... pour 24 heures !
  10. Le Quimper contemporain

Civitas Aquilonia

Au 1er siècle avant J.-C., les militaires romains construisent la ville d'Aquilonia, à l'actuel emplacement du quartier de Locmaria, sur le bord de l'Odet. La rivière permet aux bateaux de pénétrer avec la marée depuis la mer jusqu'à la ville, mais il est cependant possible de traverser l'Odet à gué à marée basse. La toponymie locale en témoigne encore, une des rues de la ville s'appelle en effet rue du "Guéodet". Ces deux atouts seront de grande importance pour la ville et le commerce regional tout au long de son histoire.

Des fouilles archéologiques ont permis de retrouver de nombreux vestiges de la cité d'Aquilonia. Il semble aussi que de riches romains construisaient leur demeure un peu à l'extérieur de la ville, sur les flancs des collines alentour. On a ainsi retrouvé les restes d'une villa avec thermes en haut de l'actuelle rue de Rosmadec, mises à jour par le creusement des fondations pour la construction d'un immeuble d'habitation dans les années 1970. Apres quelques siècles de prospérité, la ville décline à la suite de la chute de l'empire romain (début du Vème siècle).

La ville de la légende

La légende du Roi Gradlon et de la Ville d'Ys rapporte l'histoire de la fondation de la ville. On dit que le Roi Gradlon, fuyant sur le cheval Morvarc'h l'océan déchainé par les mauvaises actions de sa fille Dahut, arriva à l'endroit où deux rivières confluent entre 7 collines. Il décida de s'y installer et baptisa naturellement la ville "confluent", "Kemper" en breton. En chemin, près de Plomodiern, il avait rencontré Kaourintin, l'ermite de la forêt sacrée. Gradlon, affamé, fut nourri par l'ermite qui, plongeant la main dans une fontaine attrapa un poisson dont il coupa d'innombrables tranches sans lui causer aucune lésion. Gradlon garda Kaourintin à ses côtés et décida de fonder un évêché qu'il offrit a Kaourintin. Celui-ci devint saint patron de la ville de Kemper-Corentin. Une inscription autrefois placé sur le fronton de la cathéfrale de Quimper rapporte que:
Grallon, Roy chrestien des Bretons armoriques,
Qui l'an quatre cent cinq, selon des vraies chroniques,
Rendit son âme à Dieu, cent et neuf ans ainsçois
Que Clovis premier Roy chrestien des François.

Quoi qu'il en soit, la ville s'édifia au confluent de l'Odet et du Steir, presqu'un kilomètre en amont de l'ancienne cité romaine d'Aquilonia.

Les temps médievaux: les deux Kemper

Au Moyen-Age, la ville compte environ 5000 habitants et couvre 15 hectares. Elle est alors capitale du duché et de l'évéché de Cornouaille, et de fait demeure du Duc de Cornouaille et de l'Evêque de Cornouaille. Ces deux personnages se partagent le pouvoir sur Kemper et sa région. L'Evêque a élu domicile en rive gauche du Steir. En 1209, le Duc de Cornouaille, pour tenter de diminuer l'influence de son adversaire, fait construire un château sur la rive droite du Steir. L'Evêque répliquera en élevant une ceinture de remparts de pierres autour de la cité épiscopale en 1230. Les remparts sont garnis de dix tours et de six portes qui donnent accès à la ville close. L'une des tours est encore visible au carrefour de la Tourbie, toponymie héritée du breton "tour bihan", la "petite tour". Le Steir et les remparts marquent alors, et pour longtemps, la frontière entre deux villes, celle de l'Evêque et celle du Duc de Cornouaille. Le pont Médard est le seul passage entre la ville fortifiée et celle que l'on nomme alors "Terre au Duc", qui a laissé son nom à l'actuelle place Terre au Duc. La Terre au Duc n'était pas fortifiée, l'armée ducale constituait une force de dissuasion suffisante contre les brigands et malandrins. Elle possédait sa propre église (Saint Mathieu, restaurée au XVème siècle), son propre marché, ainsi qu'une juridiction propre.

Chaque troisième samedi du mois, une grande foire se tenait à Kemper, la plus importante était celle de décembre. Kemper était déjà plaque tournante du commerce en Cornouaille, lieu de passage obligé à la croisée de ses rivières et des routes qui rayonnaient vers les bourgades alentour.

Les guerres: successions et religions

La construction de la cathérale de Kemper débute au XIIIème siecle. Elle acquit son aspect actuel très progressivement cependant, chaque siècle ajoutant sa pierre à l'édifice. Au XIVème siècle, de 1341 a 1363, la guerre de succession de Bretagne fait rage, à la suite du décès de Jean III le Bon. Les combats opposent Jean de Montfort, demi-frère de Jean III à Charles de Blois, frère de Jean III. En 1344, Charles de Blois organise une armée française et prend la ville de Quimper des mains de Jean de Monfort, soutenu, lui, par une armée anglaise. Jean de Monfort mourra peu après, mais la ville connaitra encore une longue période d'instabilité et subira de nombreux siéges avant que Du Guesclin ne la reprenne pour le compte du roi de France. On estime que 1400 habitants de Quimper ont été tué lors des ces guerres pour la succession du Duché de Bretagne.

Les guerres de religion succèdent à celles de succession, quelques 250 plus tard. Ces guerres, dites "guerres de la Ligue", oppposaient les catholiques aux protestants, puis ensuite au roi Henri IV. Les cornouaillais étaient (et sont toujours) très catholiques et soutiennent bien sûr la Ligue. La révolte est animée par le clergé et le peuple, qui retirent la ville de l'influence d'Henri IV. Celui-ci ne s'avoue pas vaincu et la ville envoie le Sire de Lezonnet, gouverneur de Concarneau qui, après avoir défendu la Ligue, s'est rallié au roi, à l'assaut de Quimper. Le Maréchal d'Aumont, comte de Chateauroux, est appelé en renfort de Lezonnet. En 1594, il fait bombarder la ville depuis les hauteurs du mont Frugy; les quimpérois, malgré leur détermination, doivent capituler. Le plus redoutables des Ligueurs bretons, Guy Edern de la Fontenelle, mi-brigand, mi-gentilhomme, tetera par deux fois avec ses partisans de reprendre la ville (1595 et 1597), sans succès toutefois.

Quimper vers son visage de pierre

Quimper atteint le XVIIIème siècle relativement calmement. En 1762, pourtant, un grand incendie ravage la ville pendant deux semaines, détruisant l'essentiel du quartier de la cathédrale. Il fut alors interdit de rebàtir les maisons brûlées selon la technique bois et pisé qui prévalait alors, les bâtiments détruits furent reconnstruits en pierre. Ce matériau ne manquait pas, l'essentiel de la région reposant sur un sous-sol de solide granit. Au cours de ce siècle puis surtout du suivant, Quimper prend des allures de ville bourgeoise. Les maisons médiévales qui avaient survécu au grand incendie de 1762 sont abattues les unes après les autres et remplacées par de solides bâtisses de pierre. On construit ainsi de très belles résidences et hôtels particuliers qui sont encore visibles de nos jours. Quelques maisons de bois, si caractéristiques avec leurs façades à encorbellement, seront toutefois préservées. Elle rappellent, jusque dans le Quimper contemporain, l'héritage médiéval de la ville.

Quimper chef-lieu de département

La révolution de 1789 réorganise le paysage administratif français et la Constituante doit choisir un chef-lieu pour le département du Finistère. L'assemblée choisit Quimper, au détriment de Landerneau, l'autre candidat. Trois ans plus tard, cette même assemblée destitue Quimper au profit de Landerneau, les Quimpérois étant soi-disant trop proches des Girondins. En 1794, cependant, Quimper retrouve son titre de chef-lieu de département, titre dont la ville ne se départira plus.

En 1793 les révolutionnaires, qui n'aimaient guère les saints et tout ce qui de prè ou de loin touchait à la religion, décident aussi de rebaptiser Quimper-Corentin en ... Montagne-sur-Odet. Il est vrai que la colline du Frugy domine la riviè d'environ 70 mètres... Ce changement ne fut pas du goût des Quimpérois et, révolution ou pas, ils conservè à la ville son nom de Quimper. Le suffixe "-Corentin" disparaît malgré tout. A la même époque, les idées révolutionnaires conduisent les Quimpérois à dépouiller la cathédrale de l'essentiel de sa décoration intérieure en bois en 1793 qu'ils brûlent sur l'actuelle place de la Résistance. Seules sont épargnées les statues de Saint Anne et de Santik Du.

Le XIXème siècle achève l'image de Quimper

Au XIXème siecle, sous l'Empire, Quimper est une cité prospèere et voit sa population doubler. Le diocèse obtient d'une collecte auprès de ses paroissiens une somme suffisante pour élever sur la cathédrale les deux flêches de pierre de 80 mètres de hauteur que l'on y voit de nos jours. Le chemin de fer atteint Quimper en 1863, avec des conséquences très importantes sur l'économie de la région. La ville doit s'adapter à ces changements et son plan est sérieusement affecté afin d'accomoder au mieux le supplément de traffic et de permettre ainsi au commerce de se développer. Plusieurs hôtels sont construits, l'Odet est canalisé, les rues principales sont reconstruites rectilignes, une grande partie des remparts est détruite. Ces travaux conduisent à poursuivre la destruction des maisons médiévales à encorbellement, les ingénieurs arguant du fait qu'elles font obstacle au traffic: leur dispositif réduit par exemple la rue Obscure (maintenant Elie Fréron) de 3 mètres de large au rez-de-chaussée à une largeur de seulement 50 centimètres à la hauteur des toits... La ceinture de maisons à collombage qui abritaient les petites commerçants et entouraient la cathédrale est abattue sans ménagement. La plus ancienne chapelle de la ville, qui s'élevait à l'angle de la rue du Guéodet et de la rue des Boucheries, est détruite. Sa cloche est cependant conservée, elle est installée dans la cathédrale et sonne encore de nos jours pour les Quimpérois. De nombreux ponts sont édifiés sur l'Odet et le port, qui se trouvait jusqu'alors à l'emplacement de la ville originelle, au confluent du Steir et de l'Odet, est déplace environ un kilomètre en aval, au niveau du Cap Horn. Ce lieu tire son nom du café qui s'y trouvait à l'époque et qui a survécu jusqu'à nos jours. En 1847, le colonel Astor, maire de Quimper, decide de nettoyer les ruines de l'ancien couvent de Cordeliers et y fait bâtir des halles de commerce.

Quimper dans notre siècle

Le théâtre est inauguré en 1904, les bâtiments de l'actuelle préfecture en 1909, tous deux le long des quais de l'Odet, sur sa rive gauche.

Quimper, capitale de la France ... pour 24 heures !

Aux heures difficiles de la seconde guerre mondiale, le gouvernement français fut contraint de déménager son administration pour s'installer hors de portée des Allemands. Plusieurs chefs-lieux de préfecture furent proposés et Quimper fut sélectionnée ! Les préparatifs du déménagement commencèrent, mais le gouvernement se ravisa le soir même pour décider finalement de s'intaller à Vichy...

Le Quimper contemporain

Quimper a longtemps souffert de l'exiguité de son territoire. La ville, construite au confluent du Steir et de l'Odet, se trouve en quelque sorte "coincée" au milieu des collines qui bordent ces rivières et surlesquelles sont installés les communes d'Ergué Armel, Kerfeunteun et Penhars. En 1960 ces communes ont décidé de s'associer à leur grande soeur Quimper pour constituer une commune unique, le "Grand Quimper".

Les halles sont détruites par un incendie en 1976 et remplacées par un bâtiment plus moderne. En octobre 1987, une terrible tempête abbat pratiquement tous les arbres qui ornaient la ville de Quimper, dont certains étaient pluri-centenaires. Le Mont Frugy est particulièrement touché mais les écoles de la ville se mobilisent l'année suivante, mettant sur pied un programme au cours duquel chaque enfant plante un nouvel arbre afin de redonner au Frugy sa frondaison d'antan.