Non, Arthur n'est pas mort !

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Ecoutez-moi, si le coeur vous en dit,
Et vous entendrez un charmant récit
Qui ne contiendra vraiment rien de faux
Si ce n'est un ou deux mots.
Lorsqu'il rendit son âme à Dieu, le glorieux roi Uther Tête-de-Dragon ne laissait pas d'héritier connu. Mais il avait un fils secret qu'il n'avait pu élever à la cour de sa mère n'était point une reine légitime. Il l'avait confié à un preux du royaume, Seven, qui lui avait donné une éducation digne de sa haute naissance et lui avait fait partager les jeux , les leçons et l'entraînement guerrier de son propre fils, Keu. L'enfant baptisé Arthur, allait sur ses seize ans quand son père trépassa.

Les chefs des clans gallois s'assemblèrent et demandèrent à Marzin, le devin qui avait été le conseiller du roi Uther, qui devrait succéder à leur seigneur. Marzin leur répondit d'attendre la fête du solstice d'hiver, pendant laquelle il se passe de grands prodiges, puisque les âmes des morts défilent le long des routes en chantant des cantiques, les animaux parlent le langage des humains et les menhirs s'en vont boire aux rivières.

La nuit de Noël donc, nuit du solstice d'hiver , tous les clans gallois se retrouvèrent à la messe de minuit en la cathédrale de Kerléon-sur-Osk, capitale du royaume. Le preux Seven était là avec son fils Keu et son fils adoptif Arthur. L'évêque Bedwini demanda à l'assistance de prier avec ferveur pour que les Seigneur désigne, par quelque signe, celui qui serait le plus digne de régner et gouverner. Lorsque la foule , les trois messes entendues , s'écoula sur le parvis , des cris de stupéfaction retentirent . Au milieu de la place , vide auparavant , avait surgi un perron de pierre portant une enclume de fer dans laquelle était fichée jusqu'à la garde une épée au pommeau d'or.

On avertit aussitôt l'évêque Bedwini qui vint avec l'eau bénite. Comme il se baissait pour asperger la pierre, il découvrit une inscription qu'il lut à haute voix : "Celui qui retirera l'épée de l'enclume sera le roi élu par Jésus-Christ". Il y eut aussitôt une bousculade dans les rangs des seigneurs , chacun voulant être le premier à mettre la main sur l'épée. Mais l'évêque les gourmanda :

- Nobles sires, soyez plus sages. Le Christ , notre Sauver, ne considère ni la naissance , ni la fortune et seul réussira à retirer l'épée celui qu'il a désigné.

Il appela à tour de rôle les deux cents cinquante chevaliers présents, mais aucun d'eux ne parvint à faire bouger d'un pouce l'épée qui semblait soudée à son socle. Après eux , tous ceux qui se trouvaient là furent autorisés à tenter leur chance. Mais bardes, moines, bourgeois , paysans , mendiants échouèrent tous comme avaient échoué les nobles guerriers. L'évêque eut alors l'idée d'appeler les enfants à faire eux aussi l'essai. Les grands seigneurs poussèrent leurs rejetons en avant et il eut quelques empoignades , mais le saint prélat y mis bon ordre et tous les gamins présents tirèrent à tour de rôle , mais sans succès , sur la poignée de l'épée. Tous... non ! Je me trompe , il en restait un qui n'avait pas suivi ce qui se passait car il était en grande conversation avec l'enchanteur Marzin, dont il venait de faire la connaissance : c'était le jeune Arthur. Seven, son père adoptif , l'appela.

- Qu'y a-t'-il ? s'enquit le jouvenceau, que faut il faire ?

Keu , son frère de lait , se moqua :

- Il y aura des jeux guerriers tout à l'heure et j'ai oublié mon épée, ne pourrais-tu m'en trouver une ?

Arthur regarda autour de lui et aperçut l'enclume et l'arme qui y était fichée.

- Si elle n'est à personne , dit-il , tu n'as qu'à prendre celle-ci.

- Sois gentil , va me la chercher.

Le candide enfant s'approcha du perron de pierre, mit la main sur la poignée de l'épée et , sans peine , la retira de sa gaine.

- Mon fils , proclama l'évêque Bedwini , tu es roi des Bretons.

Le menu peuple poussa des acclamations mais les nobles exprimèrent du dépit et un vif mécontentement. Ils exigèrent que l'on recommençât l'épreuve. Arthur remit l'épée dans l'enclume et chacun de s'efforcer de l'en tirer. Cette fois encore , lui seul y parvint.

Arthur fut donc conduit en grande pompe au château royal de Kerleon-sur-Osk. Mais une délégation des chefs de clans vint lui faire savoir que nul n'était disposé à reconnaître le pouvoir d'un souverain d'aussi bas lignage. C'est alors qu'intervint Marzin. Il révéla que le jeune roi n'était pas, comme on le croyait, fils de Seven et frère de Keu mais bel et bien fils d'Uther Tête-de-Dragon lui-même. Cela n'apaisa pas les envieux qui lui déclarèrent la guerre. Arthur rassembla une armée de gens du peuple , de paysans et de mendiants et, frappant de grands coups de l'épée magique qu'il avait retirée de l'enclume et qui portait le nom de Kaledvoulc'h, c'est-à-dire "qui entaille dur", (je ne sais pourquoi les conteurs français l'ont déformé en "Escalibor" ) , se couvrant de son bouclier Gweneb-Gourzhuc'her (Visage du soir), pointant sa bonne lance Rongomyant, il mit les bataillons de grands seigneurs en déroute.

Peu de temps après, Marzin l'informa que les Saxons venaient d'envahir le territoire d'un brenin nommé Gogvran Gaor et lui conseilla de se porter au secours de ce brenin avec quarante preux chevaliers , mais sans dire qui ils étaient, Gogvran Gaor reçut avec joie ce renfort. A ce moment même, on vit s'allumer des incendies à l'horizon : les Saxons approchaient , ils allaient attaquer le château. Marzin suggéra de faire une sortie sans attendre d'être assiégé, et tous les chevaliers , derrière Gogvran Gaor, s'élancèrent dans la plaine. La femme et les filles du châtelain montèrent sur les remparts pour contempler le combat. L'armée saxonne était douze fois plus nombreuse que celle des Bretons mais Marzin , par sa magie , fit naître un nuage de poussière vola vers les envahisseurs et les aveugla aux trois quarts. Arthur et ses chevaliers multipliaient les prouesses , au mépris du danger , et les ennemis tombaient comme des mouches sous leurs coups. Un parti de Saxons était parvenu à s'emparer de Gogvran gaor quand Arthur , tout seul fondit sur eux , en massacra la moitié , mit les autres en fuite et délivra le prisonnier. Sur le soir , les rares Saxons survivants se retirèrent et jamais plus l'on n'en vit se hasarder sur les terres du brenin Gogvran Gaor.

Lorsque Arthur rentra au château avec les siens , la fille aînée de Gogvran ne voulut laisser à personne d'autre le soin de le désarmer , de lui laver les mains, le visage et le cou, de les essuyer très doucement d'une serviette blanche brodée. Cette charmante jeune personne avait nom Guenièvre , c'est-à-dire "le blanc fantôme". Elle était la plus jolie jouvencelle qui f“t alors dans toute l'île de Bretagne. Elle s'agenouilla devant lui pour lui tendre une coupe de vin et leurs regards se rencontrèrent . Ils en furent si troublés l'un et l'autre qu'Arthur gardait la coupe en l'air sans songer à boire et que la jeune fille oubliait de se relever.

- Seigneur dit Marzin au brenin , en souriant dans sa barbe , je m'étonne qu'ayant une fille aussi ravissante vous ne l'avez pas encore mariée à quelques homme de haute naissance. Vous n'avez pas de fils, n'avez-vous-donc jamais songé à assurer votre succession ?

- J'y ai souvent songé , mais la guerre m'en a empêché. Depuis plusieurs années je vis sous la menace de ces maudits Saxons. Il me faudrait un gendre qui p“t me défendre.

- Père , soupira Guenièvre , en rougissant , pour accepter un époux je ne considérerai ni le rang , ni le sang , ni la fortune de l'homme que vous me proposerez, mais seulement sa vaillance et... l'émoi de mon coeur.

Gogvran était assez fin pour comprendre. Il connaissait bien sa fille et ne l'avait jamais vue aussi troublée. Il dit à Marzin :

- J'ignore, puisqu'il n'a pas voulu se nommer , qui est le courageux jouvenceau auquel je dois la vie sauve mais, quel qu'il soit, prince ou valet , riche ou pauvre , je serais heureux de l'avoir pour gendre. Ma fille est belle , sage et bien apprise , si je la lui propose pour épouse sera-t-elle refusée ?

- Elle ne sera pas refusée, s'écria le roi Arthur, sans attendre la réponse de Marzin.

Gogvran Gaor prit la main de sa fille et la mit dans celle du jeune prince.

- Gentil damoisel inconnu , dit-il, reçois ma fille pour femme. Je ne pourrais la donner à plus vaillant.

- Eh bien maintenant, intervint Marzin, je puis vous révéler, seigneur Gogvran, que vous avez pris pour gendre le roi Arthur de Bretagne, fils d'Uther Tête-de-Dragon et votre légitime suzerain.

A ces mots, la joie de Gogvran Gaor et des assistants fut telle qu'il n'y en avait jamais eu de pareille dans tout le pays. Les noces eurent lieu le mois suivant et il y eut grande liesse et somptueux festins.

Je ne vous conterai pas par le menu tous les exploits qu'accomplit par la suite le Roi Arthur, car ils rempliraient plusieurs livres. Il se couvrit de gloire, vainquit les envahisseurs saxons, assura son pouvoir sur la Grande et la Petite Bretagne , conquit la Gaule et le pays des Francs. Il conduisit une expédition en Irlande pour s'emparer du chaudron magique de Dwirnach le Gaël, qu'on appelait le "Graal". Voici ce qui s'était passé : un prince du nom de Kulhwch avait demandé au géant Yspaddaden Penkawr la main de sa fille, la douce Olwen dont les cheveux étaient plus blonds que la fleur du genêt , le sein plus blanc que celui du cygne et les joues plus rouges que la plus rouge des roses. Yspaddaden Penkawr lui avait répondu qu'il n'aurait la douce Olwen aux cheveux plus blonds que la fleur du genêt, que s'il accomplissait toute une série d'exploits dont l'un consistait à obtenir le bassin de Diwrnach le Gaël, l'intendant d'Odgar mac Aedh, roi d'Irlande , pour pourvoir à son festin de noces. Ce chaudron avait la propriété qu'aussi nombreux que fussent les convives qui y puisaient, ils ne s'en allaient pas sans être rassasiés ; toutefois il ne bouillait pas la nourriture des lâches. Il avait aussi cette autre propriété que lorsqu'on y jetait les cadavres des guerriers morts, ils se relevaient le lendemain, redevenus guerriers plus redoutables que jamais , mais ils ne pouvaient plus jamais parler.

Pour triompher des épreuves qui lui étaient imposées, Kulhwch avait requis l'aide d'Arthur et Arthur aurait perdu son honneur s'il avait refusé. Il envoya donc un messager à Odgar mac Aedh, roi d'Irlande, pour le prier de lui faire don du chaudron de son intendant, Diwrnach le Gaël. Odgar engagea son intendant à faire cadeau de l'objet mais Diwrnach s'y refusa catégoriquement. "Dieu m'est témoin , dit-il , que même s'il voulait se contenter de jeter sur le Graal un seul regard , il ne l'obtiendrait pas ". Le messager revint rendre compte à Arthur de cette réponse. Alors Arthur prit avec lui une petite troupe de guerriers et embarqua sur son navire, le "Prytwenn". Aussitôt débarqués sur la verte terre d'Erin , les Bretons se rendirent chez Diwrnach le Gaël qui les reçut courtoisement et leur offrit le vivre et le couvert. Mais quand ils eurent suffisamment bu et mangé, Arthur demanda le chaudron et Diwrnach répondit que , lui vivant , il ne l'aurait pas. Aussitôt, un des guerriers de Bretagne , appelé Lancelot du Lac, s'empara de Kaledvoulc'h, l'épée de son roi, la fit tournoyer et tua Diwrnach et tous ses gens, pendant que son compagnon Bedwyr se saisissait du chaudron et le mettait sur les épaules de Hywydd , le serviteur d'Arthur dont la fonction était en tout temps de porter le chaudron d'Arthur et d'allumer le feu dessous.

Les armées irlandaises accoururent pour livrer bataille à Arthur et à ses gens. Mais les Bretons les mirent en complète déroute et , sous leurs yeux, se rembarquèrent en emportant le chaudron, qui ruisselait de tout l'or et l'argent de l'Irlande.

Telle était la renommée de la cour d'Arthur que les plus vaillants chevaliers du monde entier tenaient pour un honneur d'y être accueillis. Le roi réunissait ses preux , pour les repas, autour d'une table circulaire, afin qu'il n'y eut pas parmi eux de premier ni de dernier. C'est pourquoi on les appelait les Chevaliers de la Table Ronde. Il n'y eut jamais sur terre de meilleurs chevaliers qu'eux. Mais chacun d'eux, après avoir séjourné un certain temps auprès du roi, finissait par repartir en quête d'aventures et ne revenait qu'après avoir accompli maintes prouesses et s'être couvert de gloire.

Lorsque sa barbe commença à grisonner. Arthur se fit la réflexion qu'il y avait bien longtemps qu'il n'avait lui-même réalisé d'exploit guerrier. Il se dit que les preux dont il s'entourait devaient sourire derrière son dos et le considérer comme un pauvre homme qui avait fait son temps. Il décida de leur montrer de quoi il était encore capable et convoqua le ban et l'arrière-ban de son armée pour une grande expédition dont l'objectif serait de s'emparer de Rome. Avant de s'embarquer il confia la garde de son royaume à son neveu Mordred, le puissant seigneur du Pays de Verre o· il n'y a ni hiver ni été.

Quand il apprit l'arrivée de l'armée bretonne ( à laquelle s'étaient joints les Irlandais , les Danois , les Islandais , les Norvégiens et quelques autres) , l'empereur de Rome résolut de marcher à sa rencontre. Le heurt des deux grandes armées fut quelque chose de terrifiant. Le combat dura trois jours et sur cent cinquante chevaliers de la Table Ronde, il n'en resta pas dix vivants.

Mais les Romains furent contraints de battre en retraite et de retourner s'abriter derrière les murailles de leur ville. Les troupes d'Arthur vinrent les y assiéger, mais au moment où le roi allait ordonner l'assaut, trois messagers venus de Kerléon-sur-Osk se présentèrent devant sa tente. Ils lui apportaient de tristes nouvelles de son royaume. Mordred , le félon avait enlevé la reine Guenièvre. Il l'avait emportée sur son cheval noir comme la nuit, jusqu'en son château u milieu des marais du Pays de Verre , l'avait épousée et c'était proclamé roi des deux Bretagnes. Arthur, bouleversé décida de lever immédiatement le siège de Rome et de regagner l'Ile de Bretagne, à marches forcées, pour châtier le traître.

Par malheur, Mordred avait fait alliance avec les Saxons et lorsque les Bretons abordèrent aux rivages de leur patrie, ils y étaient attendus par cinquante mille ennemis à la tête desquels se pavanait l'ignoble félon. Leur débarquement s'effectua sous une grêle de flèches , de pierres et de javelots et nombreux furent ceux qui y laissèrent la vie. La mer était rouge de sang. Mais ceux qui purent prendre pied sur le sol breton étaient animés d'une telle colère qu'ils se jetèrent avec impétuosité sur les Saxons maudits et en firent un grand carnage.

Mordred et ses troupes cherchèrent leur salut dans la fuite et Arthur se lança à leur poursuite. L'affrontement décisif entre les deux armées eut lieu à Kamlann en Cornouaille et ce fut la bataille la plus meurtrière qu'eussent jamais connue les gens d'Arthur. On dit que les morts y furent au nombre de cent mille. De tous les chevaliers de la Table Ronde ne survécurent que Morvran ab Tegit, à cause de sa laideur (chacun pensant que c'était le diable , l'évitait), Sanddev Bryd Angel , à cause de sa beauté (personne ne leva la main sur lui croyant que c'était un ange ) et Glewlwyd Gavaelvawr dont la stature et la force étaient telles que chacun fuyait devant lui. Arthur et Mordre se trouvèrent presque seuls, face à face , au milieu du champ de bataille. Alors Arthur pointa sa lance et éperonna Lamrei, sa blanche jument. Il frappa le déloyal en pleine poitrine et le transperça d'outre en outre : tout le fer et un bon pied de bois sortirent par l'échine et l'on vit en même temps que la lance, ce qui était signe manifeste du courroux de Dieu.

Mais avant de rendre l'âme, Mordred eut le temps d'enfoncer son froid acier dans le flanc du roi Arthur qui chancela, glissa de sa selle et tomba lourdement sur le sol inanimé. Hywydd et Henwas , ses serviteurs , se précipitèrent et l'emmenèrent hors du champ de bataille. Ils le portèrent jusqu'à une chapelle proche de la mer qu'on appelait "la chapelle noire", o· il ouvrit les yeux et commença à réciter toutes les oraisons qu'il savait et à prier pour ses hommes qui avaient été tués. Au matin, ses deux serviteurs le voyant étendu sans mouvement , les bras en croix , le crurent mort et se lamentèrent. Alors le roi se redressa et, dans un élan de tendresse , serra si fort Hywydd sur son coeur qu'il lui écrasa la poitrine et tous les organes qui sont dedans et que le pauvre Hywydd expira sur le champ. Le roi le pleura amèrement, puis dit à Henwas :

- Soutiens-moi pour que nous allions jusqu'au rivage.

Quand ils furent sur le bord des rochers surplombant la mer , Arthur s'effondra. Alors, il déceignit son épée, la tira du fourreau et, après l'avoir longuement contemplée, dit avec tristesse :

- Kaledvoulc'h, ma bonne épée , la meilleure qui ait jamais existé, tu vas perdre ton maître et droit seigneur. Ce n'est pas sans douleur que je quitte. Maintenant , Henwas , prends cette épée et jette-la dans les flots.

La lame brillait d'un tel éclat que Henwas détourna les yeux et n'osa tendre la main. Arthur dut répéter son ordre. Henwas se saisit de l'arme et la jeta dans la mer. Or voici qu'au moment où elle touchait l'eau, un bras émergea soudain jusqu'au-dessus du coude, l'attrapa par la poignée, la brandit trois fois, puis replongea en l'emportant.

- Laisse-moi, maintenant, dit le roi à Henwas. Retire-toi. Là où je vais, tu ne peux me suivre. Sache qu'un jour je reviendrai, mais tu ne seras plus là pour m'accueillir. Adieu, bon serviteur.

Henwas s'en fut, les larmes aux yeux. Lorsqu'il fut au milieu de la lande, il se retourna et regarda vers la mer. Il vit arriver une belle nef qui aborda non loin de l'endroit o· il avait laissé le roi. Une belle dame en descendit et il reconnut la fée Morgane. Elle s'avança vers le roi, lui effleura l'épaule du doigt. Alors il se leva, comme s'il n'avait jamais été blessé monta avec elle à bord de la nef qui tendit ses voiles au vent et s'enfuit comme un oiseau. Elle vogua jusqu'à l'île d'Avalon où le roi Arthur vit encore, couché sur un lit d'or.

Les Bretons savent qu'il reviendra, regroupera sous sa bannière Armoricains, Gallois, Corniques, Irlandais, Ecossais et Manxois et rétablira les libertés celtiques. Nul ne sait quand ce sera, mais quelque chose me dit que les temps sont proches.

Non ! Arthur n'est pas mort.


Extrait de "Contes et Légendes du pays Breton", Yann Brekilien

Contribution de Catherine Soubeyrand.