L'Argoat est le pays de l'intérieur. C'est l'odeur de la terre, des sous-bois humides, des landes ensorcelées. Ce sont les sommets rocheux sévères des Monts d'Arrée. On y vit avec la terre, le bois. Le vent dans les frondaisons, des bêtes meuglant dans un champ sont les bruits quotidiens.
L'Armor est le pays côtier. C'est l'odeur de l'iode, du goémon échoué sur les grèves. C'est l'océan, ses trésors et ses dangers. On y vit avec la mer, la pêche. La vente à la criée, le ressac contre les rochers sont les bruits quotidiens.
Armor et Argoat s'opposent donc clairement, direz-vous. Non, rien n'est plus ténu et indéfinissable que la frontière qui les sépare. En Pen ar Bed, la terre se cultive jusqu'aux limites du rivage marin et la mer remonte abers et rias jusque dans l'intérieur des terres. Pourtant chaque habitant sait son appartenance...
Les Celtes ont depuis toujours senti les liens primordiaux qu'exprime la nature et qui sont autant de chemins entre terre et ciel, parcourus par les envoyés des dieux, les âmes et les regards des vivants. Comme une vague se déploie, l'Armor offre les liens horizontaux, comme un arbre s'élève, l'Argoat offre les liens verticaux. Là est peut-être la signification ultime de l'Armor et l'Argoat, un réseau de passerelles entre les mondes des dieux et des hommes.
Quand ça sent la bouse, c'est l'Argoat, quand ça sent le poisson, c'est l'Armor. Quand ça pue le métro, c'est Châtelet.
Et vous, êtes-vous Armor ou Argoat ?