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Au milieu de la nuit la plus longue
C'est la période dont les hommes, si longtemps ont eu si peur. Le Soleil s'éloigne un peu plus chaque jour. Va-t-il continuer de s'écarter, partir, disparaître, nous abandonner aux ténèbres et à la mort ?
Pour le faire revenir, pour lui rappeler son devoir de père universel, qui ne doit pas abandonner ses enfants, chaque peuple réagit à sa façon, mais au même moment au milieu de la nuit la plus longue, au 25 décembre de notre calendrier actuel.
Dans le Nord glacé, on lui fait de grands signaux lumineux avec des torches, et on sacrifie son fils préféré le sapin, l'arbre qui reste vert au milieu de la grande débâcle végétale.
On le coupe et on le brûle. Sa flamme, son âme, rejoint celle du père et lui transmet le message des hommes.
De cet appel désespéré, il reste une coutume étrange : l'arbre de Noël avec ses bougies. Et une superstition : "Le vert est couleur d'espérance!"
Sur les bords orientaux de la Méditerranée, c'est le dieu
Mithra qui se sacrifie lui même sous l'espèce d'un taureau.
Et sa chair est mangée par les fidèles qui garderont ainsi
à l'abri en eux-mêmes, pendant les mois où la nuit menace,
la lumière et la vie.
Aux mêmes lieux les fondateurs du christianisme choisissent aussi le moment de la plus longue crainte, le solstice d'hiver, pour y situer la naissance de Jésus, incarnation suprême de l'espoir.
Et Jésus lui aussi demande à ses fidèles de manger son corps sacrifié.
L'herbe qui meurt chaque année, l'arbre qui semble mourir, sont les premiers enfants du Soleil. Par eux la vie est conservée et sans cesse recrée. Tout ce qui vit les mange ou les sacrifie. L'arbre est la victime prédestinée, dont les morceaux seront éparpillés. La tronçonneuse tranchera ses énormes muscles immobiles, il deviendra planches, table, lit, parquet, manche d'outil, fenêtre, violon ... et pour finir, au bout de ses avatars, il brûlera comme le soleil!
Barjavel Les fleurs, l'amour, la vie. (Presse de la Cité 1978)
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