Salle comble et triomphe pour le virtuose traditionnel
Le souffle irlandais de Mairtin O'Connor

Mairtin O'Connor (le concert)


Photo Vincent Mouchel.

















Cette fois, la tente dressée sur le parvis du Théâtre de Cornouaille était comble. Entre 4 et 500 personnes ont fait un triomphe mérité à Mairtin O'Connor, magnifique accordéoniste irlandais. Un vrai régal pour les amateurs de traditionnel, avec la touche d'humour et la gentillesse en plus.

Les responsables du festival peuvent déjà se féliciter d'avoir confié la programmation des concerts d'accordéon à deux spécialistes, Alain Pennec et Yann-Fanch Perroches. Chaque soirée, à 18 h 30, sur le parvis du théâtre, réserve une nouvelle surprise. Après le Bulgare Neno Koytchev, le Basque Joseba Tapia, ce voyage dans le monde de l'accordéon a fait une halte hier soir en Irlande avec une grosse pointure, Mairtin O'Connor.

Le public ne s'y est pas trompé. Il y avait cinquante mètres de queue devant la tente avant l'ouverture. Le cabaret s'est vite trouvé bondé comme un œuf. Mairtin, qui a débuté l'accordéon à l'âge de 9 ans, écume la scène irlandaise depuis la fin des années 70. Il a joué avec les plus grands, des Chieftains aux Dubliners, et sorti plusieurs albums solos. Le dernier, "Chatterbox", rassemblant ses propres compositions.

Il a commencé par une histoire drôle irlandaise, histoire de détendre l'atmosphère, puis a entraîné le public dans un tourbillon de danses. A ses côtés, l'excellent guitariste Nicolas Quéméner, accompagnateur de Servat et membre de Skeduz. Il a aussi montré hier ses talents de flûtiste. Vive le musette !

Petit moment de trouble dans l'assistance lorsque le musicien irlandais lance un hommage appuyé au musette français, et notamment à l'accordéoniste Jo Privat. Comme O'Connor parle en anglais, tout le monde se demande s'il a bien compris. Mais oui. Et l'Irlandais de se lancer dans un époustouflant morceau de musette, joué au diatonique, qui a fait un tabac auprès du public plutôt branché sur le traditionnel. Comme quoi il ne faut pas dresser trop vite de barrières.

D'ailleurs, lors de la conférence de Michel Colleu sur l'histoire de l'accordéon en Bretagne, mardi matin à l'université d'été, le musicologue avait lui aussi rappelé que les musiciens d'avant-guerre jouaient à la fois du musette et de la gavotte. Le musette, écarté de ce festival pour cause de ringardise, ressurgit donc là où on ne l'attend pas, sur scène, porté par un maître du traditionnel irlandais. Voilà qui donne à réfléchir sur la façon dont, aujourd'hui encore, on met des musiques au pilori.

 





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