Scarlette, c'est pas
du cinéma Scarlette
Le Corre.
Profession : marin-pêcheur. Signe(s) particulier(s) : petite, résistante
à toute épreuve, tempérament de feu et de fer. Inutile de dire que Hollywood
n'a pas son pareil en Bretagne. Qu'importe ! L'Ouest armoricain cultive
son lot de figures. D'ailleurs, Scarlette n'a pas échappé à l'œil gourmand
des caméras. Elle ne compte plus les plateaux télé. Et les motifs de célébrité.
Un exemple : le label "bar de ligne", c'est elle !
Marin-pêcheur avons-nous dit ? Clap ! On la refait : patron seul embarqué
à bord. Que les métiers se déclinent aujourd'hui au féminin, la petite
bonne femme du Guilvinec n'en a que faire. Elle est la seule française
à prendre la mer sans l'aide de quiconque depuis 1983. Ce qui lui a certainement
valu de figurer à de nombreux postes à responsabilité au cœur d'un milieu
d'hommes.
"Le manque de disponibilité m'a conduit à abandonner beaucoup de fonctions
importantes dans la profession, avoue-t-elle." Elle reste néanmoins la
vice-présidente de la Caisse nationale des marins-pêcheurs. Rien que çà
! Et elle est l'artisan de la reconversion partielle des marins-pêcheurs
en Bretagne. Ce courage de tous les instants, Scarlette en fait la preuve
aussi à terre. Haut et fort. La langue dans la poche, elle ne connaît
pas. Et la langue de bois, encore moins. "Moi, aux politiques, je leur
dis souvent que je suis bien contente d'être de l'autre côté de la barrière.
Parce que je peux les engueuler et dire, surtout, la vérité."
Son prénom de star, Scarlette le doit au surnom de son père Scarling,
soit bergeronnette en breton. Lui était dans la pêche, la cuisine et le
goëmon. Sa mère, elle vient du milieu agricole vendéen. Une formation
aquacole, un voyage d'étude au Japon et voici que notre Scarlette tombe
amoureuse de la wakamé, l'algue du soleil levant. A partir de là, elle
se lance, tout en conservant son activité de pêche, dans les produits
transformés au titre desquels on citera le foie de lotte à la wakamé,
le tartare d'algues, le haricot de mer ou encore le gâteau aux algues.
Lever 4 h du matin. Pêche puis marché. Déjeuner en une poignée de minutes.
Gestion administrative l'après-midi avant de retourner à la pêche en fin
de journée. Dîner et mer pour relever les filets. Coucher minuit. La journée
type de Scarlette Le Corre ressemble à un parcours du combattant.
Pour elle, tout est normal. Une vie de vrai marin-pêcheur, plus une vie
de chef d'entreprise, plus une vie familiale, plus une vie de vedette
: avouez que ce n'est plus du cinéma !
Jean
Romer
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