Corvée d'eau sur le pont du Matthew. Le "r" du bonjour français roule sur le pont. «Essouiyez vos pieds!» L'Anglais a déjà repris éponge et chiffon. Ce sera la seule consigne au visiteur.
«Welcome aboard!» Tout au bout du quai de Port Rhu, entre les veilles maisons de pierres et les hortensias bleus, la coque en bois verni surprend sous le soleil. Trop neuve, pas assez burinée. Ce qui lui manque? De solides tempêtes atlantiques, quelques quarts de nuit d'hiver, la patine du temps... De joyeuses bordées à l'autre bout du monde. Patientez moussaillons. le voilier n'a que quelques mois. Et dans un an... le Matthew a rendez-vous avec le fantôme de John Cabot dans les brumes de Terre-Neuve.
Le 2 mai 1997, le Mattew quittera le port de Bristol avec 18 hommes à son bord. Cap à l'ouest. Comme John Cabot il y a cinq-cents ans. Une traversée de sept semaines pour célébrer l'exploration du célèbre capitaine anglais sur les côtes du nouveau-monde. «Je profite de l'été pour apporter les derniers réglages,» explique David Alan-Williams, le capitaine anglais. «Le ballast en particulier n'est pas très bon. Et puis il me faut choisir l'équipage. Je garderai les meilleurs.»