Jacques Chirac à Quimper
Temps de travail: Chirac veut la négociation
Le Président ne croit pas à une réduction
uniforme imposée par l'Etat
Jacques Chirac a passé une matinée studieuse hier au Conseil général. Pendant plus de deux heures, il a écouté le préfet, Charles Miossec, et une trentaine d'acteurs économiques lui détailler l'action menée en faveur de l'emploi dans le département.
Jacques Boué, ancien directeur des abattoirs Jeffroy, a interpellé le chef de l'Etat sur la semaine de quatre jours. «La formule proposée par Pierre Larrouturou de semaine de quatre jours aboutit à un équilibre pour l'Etat et pour l'entreprise, et permettrait de créer 2 millions d'emplois. On peut se demander pourquoi on ne l'applique pas.»
Jacques Chirac lui répond, avec un sourire, qu'il connaît bien cette idée de Larrouturou, mais qu'elle ne l'a pas «convaincu». S'il est favorable à une réduction du temps de travail qui permettrait d'augmenter la productivité des entreprises, d'améliorer la condition des salariés (en particulier des femmes) et de réduire le chômage, il ne croit pas qu'une telle mesure puisse être «imposée de façon uniforme par l'Etat».
Selon le préfet, le Finistère est «relativement favorisé» sur le plan de l'emploi. Le chômage y est de 10,8% (11,9% en France) et a baissé de 1,2% l'an dernier. Autre avantage, la population augmente, «et les jeunes Finistériens ont envie de rester au pays».
Le voyage de Jacques Chirac s'est achevé hier par une conférence de presse. Le chef de l'Etat a une nouvelle fois fait l'éloge du dynamisme finistérien, s'est engagé à défendre les langues régionales et a réaffirmé la grande ambition maritime de la France. Il sera à Brest le 14 juin pour parler de l'arsenal, y compris avec les syndicats. Il a aussi été frappé par le dynamisme de l'agriculture. «Les agriculteurs du Finistère sont des créateurs d'emplois. Le secteur agro-alimentaire est également performant, mais il se trouve confronté à des problèmes.»
Sujets variés au repas présidentiel
Le dîner présidentiel de jeudi dernier a finalement duré plus de deux heures. Les 17 invités de Jacques Chirac en sont sortis visiblement ravis, saluant unanimement la simplicité du président de la République et son sens de l'écoute. «Jacques Chirac ne se prend pas la tête», commentait le coureur cycliste Ronan Pensec à la fin du repas. Chaque invité a pu aborder un sujet qui lui tenait à coeur. Olivier de Kersauzon y ait ainsi allé d'un petit couplet sur la Coupe de l'America, défendant l'idée selon laquelle, avant de choisir un skipper, il fallait d'abord bâtir un projet industriel. Commentaire de l'«Amiral» à la fin de son intervention: «Là, j'ai été bon, non?»
Autre point largement débattu pendant la soirée, la culture bretonne. Impressionné par le superbe «chiletenn» (gilet) brodé de Pascal Jaouen, le président de la République s'est montré très réceptif au sujet. Yann-Fanch Kemener en a profité pour entonner «Me `Zo Ganet e kreiz ar Mor» («Je suis né au milieu de la mer») a capella.
Du neuf pour les bateaux neufs
Jacques Chirac veut lever les obstacles au renouvellement de la flotte de pêche. Hier vendredi, à Quimper, il a réaffirmé la «grande ambition maritime» de la France. Le président de la République a aussi prêté une oreille attentive à tout ce qui touche aux bateaux neufs: encadrement de la flotte par l'Europe, avantages fiscaux pour les investisseurs (quirat), étalement des taxations des plus-values de cessions des bateaux d'occasion, etc.
Cette écoute du président, autour d'un plat de langoustines et d'une lotte bigoudène, a peut-être été largement suscitée par la conviction de la délégation. Armateurs de la pêche industrielle, artisans, mareyeurs avaient convenu de «positiver» d'une seule voix: éviter les pleurs et les lamentations excessivement catastrophistes pour montrer qu'on croît à l'avenir de la pêche; ne pas demander des bouées de sauvetage en prévision du naufrage, mais des outils modernes pour de nouvelles traversées.
Sur les pas de Jacques Chirac
Après la visite, un débat sur France 3
«Les réactions politiques après la visite de Jacques Chirac dans le Finistère». C'est le thème du débat de France 3 Ouest, qui sera diffusé ce samedi, de 11h50 à 12h15.
Jacques Chirac a présidé hier vendredi une table ronde sur l'emploi au conseil général. Interrogé sur la réduction du temps de travail, il s'est dit peu convaincu par une baisse imposée uniformément. Pour lui, la négociation dans les branches professionnelles doit trouver un nouvel élan.
Dernière marche dans les rues de Quimper avant le retour vendredi en fin d'après midi.
Jacques Chirac a posé un regard sur l'île de Sein, depuis la pointe du raz.
Francis Letellier recevra Ambroise Guellec, député UDF, Daniel Le Bigot, adjoint (écologiste) au maire de Quimper, Pierre Maille, maire (PS) de Brest et Charles Miossec, député RPR.
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