En direct du 19e Festival de Cinéma de Douarnenez
Un festival dédié aux "sans papiers"
Des débats et cent films sur l'immigration à l'affiche de Douarnenez
A Douarnenez, on chante le gospel à la messe du matin et l'on ouvre sa porte le soir aux immigrés. Immédiatement dans la foulée de Jazz en baie, le festival de cinéma a été inauguré dimanche soir.
"Bonsoir, nous allons ouvrir la cérémonie de clôture..." Dimanche soir, les premiers mots de la présidente auraient déclenché une avalanche de frustrations s'il ne s'était agi d'un lapsus. Il y avait foule pour inaugurer cette 19e édition particulièrement attendue sur le thème des communautés immigrées d'Europe. "Voici une quinzaine de jours, précise Caroline Troin, nous avions décidé de la dédier aux "sans papiers". L'actualité nous a rattrapé et donné plus d'énergie et de rage..."
Durant une semaine, une centaine de films, des débats, des stages vont donc se succéder et des liens se tisser sous la lune des fêtes de nuit. "Se connaître et se reconnaître, précise sans une hésitation Annick Streff, c'est le plus sûr chemin de la tolérance."
Les enfants au festival de cinéma
Une belle brochette d'animations grésille sur le barbecue du prochain festival. Aperçu du programme? Lundi, Régine Doussai raconte la Bretagne et l'on avale des crêpes. Mardi: elle dit le Maghreb quand Malika envoûte les plus petits. Mercredi: on parle du Portugal, jeudi de la Turquie, vendredi de l'Inde. Ce sont aussi des films comme l'incontournable "Emigrant" de Chaplin, des diaporamas, des ateliers maquillage, de percussions, des espaces livres, des ateliers divers, des surprises. Renseignements: 98921007.
Un festival en phase
Alors que tous les yeux sont braqués sur l'église des Sans papiers, ce festival sera encore une fois particulièrement en phase avec l'actualité. Vendredi, la pellicule encore fraîche, arrivera ici Samir Abdallah et Raffael Ventura. Depuis le 18 mars, ils ont filmé l'occupation de Saint-Ambroise et son explusion. Du gymnase Jappy à l'église St-Bernard en passant par la Cartoucherie de Vincennes, la ballade des Sans papiers raconte l'histoire de ces hommes et femmes qui, au nom des anonymes interpellent à visage découvert la société française. D'autres temps forts? Un atelier sur le thème "Télévisions d'Europe et immigration", des documents inédits de la cinémathèque sur Douarnenez et que l'on pourra consulter à la carte, une présentation par l'ANPE et l'ARC du métier de comédien, un stage littérature, le fest-noz de Skolvan. Bref, un programme aux mille tiroirs dont le premier s'ouvre lundi matin, à la MJC, avec un petit-déjeuner sur le thème de l'histoire des migrations en Europe dès le XIXe.
Expositions au festival de cinéma
C'est une merveilleuse idée que les organisateurs du festival de cinéma ont eu en demandant à des artistes de Douarnenez de nous offrir leur vision de l'immigration. Le fruit de cette réflexion? Une mosa•que d'émotions et une truculente exposition à découvrir dès aujourd'hui en mairie.
"L'idée de demander à des artistes de Douarnenez leur vision de l'immigration nous est venue tardivement, mais naturellement", explique Caroline Trouim, permanente du festival. "Pour préparer le festival, nous avons rencontré beaucoup de gens de l'extérieur et puis nous nous sommes dits qu'ici aussi des gens pouvaient réagir au mot immigré". 20artistes locaux, écrivains, peintres, sculpteurs, photographes ont répondu à l'invitation. De différentes générations, connus ou pas, natifs de Douarnenez ou immigrés de Penn-Sardin, tous ont joué le jeu et donné leur vision de l'immigration. Résultat une exposition hétéroclite, chaleureuse, pleine d'interrogations, d'émotions. Une expo made in Douarnenez qui interpelle.
Exemples
Jean-Christophe Kérourédan, un jeune sculpteur a choisi d'expliquer le mot immigré avec 6monceaux de bois. "Je les ai enduits puis imprégnés d'épices: betterave, thé, curry, bissap, café et safran". Un travail pour le moins original qui représente la richesse (couleur, odeur) du monde. Guy Veirman, photographe, a trouvé sa vision de l'immigration dans une photo de pigeons voyageurs à bord d'un bateau. "Les pigeons passent, ils vont d'un point à un autre, toujours et encore ils ne connaissent pas les frontières, tout comme les navires. Nous sommes tous des passants, nous ne faisons qu'un passage ici".
Jean Pencalet qui s'amuse à dire qu'il aurait pu s'appeler "Jean Ben Calet" se considère à 100% immigré. "Je me trouve partout chez moi, le sang pur n'existant pas, nous sommes des émigrés ou des immigrés, moi voyez, je suis un Douarneniste immigré à Tréboul et certains me le feront bien sentir, ici le pont est une frontière".
Yann Berlinec qui exhorte les enfants à laisser les portes ouvertes, Kérik avec sa vision de l'immigration douarneniste à l'ile Tristan et puis Jean Thot, Roland Sénéca, Lucy Mornouv, Marcel Larour, Didier-Marie Le Bihzn, tous ont planché sur les mots émigrés et immigrés et c'est à découvrir. Vraiment, ça vaut le déplacement. "Ma vision de l'immigration" est à voir en mairie de 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h30, du 16 au 28août; entrée gratuite.
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Ouverture du Festival de Cinéma de Douarnenez.
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Sur la Place du Bicentenaire, rebaptisée "Place du Festival", un public immense est venu écouter le message, celui d'un thème prévu depuis deux ans et qui s'inscrit dans une actualité brûlante. |
Reportage de notre envoyé spécial Karim BAILA
100 films sont sélectionnés. Le festival se poursuit jusqu'à dimanche 25 août.
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Le programme de ce lundi
9h30: P'tit dej à la MJC sur l'histoire de l'immigration suivi à 11h de "De père en fils", documentaire.
14h: "Conte des trois diamants", au Club, la vie d'un jeune Palestinien dans un camp de réfugiés.
14h30: ouverture du village des associations, école V.-Hugo.
15h: à la MJC, "Afrique", "Les hommes de N'Douloumadj", "Les mains dans le platet" "Le repas des ancêtres", quatre documentaires français sur Africains et Cambodgiens. Animation enfants: contes bretons et crêpes.
16h: au Club, "Le dimanche de la Mama" et "Buen Giorno dalla Francia", Ventura, Platini, Cavada retracent l'histoire des Italiens en France. Au Rex: "Abschied...", une Turque emprisonnée en Allemagne après avoir tué son époux. La prison devient espace de liberté.
17h: à la MJC, "Douce France" et "Le voyage du Kabyle".
18h: débat sur l'histoire de l'immigration, à l'école Hugo. Au Club: "Le cri du cÏur de Ouedraogo" et "Le pari de Bintou", (Africains). Au Rex: "La cuisinière" et "Auf Wiedersehen Amerika" (Polonais).
19h: à la MJC, "Les trois cousins" et "Vous avez dit Français", de Vautier. Thèmes: trois Algériens meurent en France, le Code de la nationalité.
20h30: Au Club, "Les gens des baraques". 20 ans après les avoir filmé à St-Denis, Bozzi recherche des immigrés Portugais.
21h: à la MJC, "Crames pas les blases 1", "Yasmina, 20 ans, Maroxelloise", "Hamsa, la rage au ventre", "Musulmans du nord", quatre documentaires à la MJC. Au Rex: "Un matin blanc" et "Les faiseurs de Suisse", de Rolf Lyssy. Deux inspecteurs vérifient si les étrangers respectent bien ce qu'exige d'eux la naturalisation.
23h: au Club, "Le thé au harem d'Archimède". Patrick et Majid ont grandi dans la même cité de Nanterre. Même tignasse, mêmes combines. Le Rex: "Toni", de Renoir. L'intégration en Provence d'un ouvrier italien. Et tous les jours des expos sur l'immigration.
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